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Description
Introduction
Le prurit généralisé sine materia impacte considérablement la qualité de vie des patients. Pour contribuer à l’amélioration de sa prise en charge, nous avons initié une étude dont l’objectif était d’en documenter les caractéristiques en dermatologie à Cotonou.
Méthodes
Une étude rétrospective et descriptive a été réalisée dans le service de dermatologie du Centre National Hospitalier et Universitaire de Cotonou du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2018. Elle a inclus tous les patients chez qui le diagnostic de prurit généralisé sine materia était retenu sur la base d’arguments cliniques. En cas d’orientation clinique, un examen paraclinique à visée étiologique était demandé. La saisie et l’analyse des données ont été faites à l’aide des logiciels EPI-DATA 3.1 et EPI-INFO 7.
Résultats
La prévalence du prurit généralisé sine materia était de 1,2% (126 cas/10627 consultants).
Les adultes de 31-40 ans (24 ; 19,0%), suivis de ceux de 41-50 ans et les sujets âgés de plus de 60 ans à égale proportion (19 ; 15,1%) étaient les plus atteints. La sex-ratio était de 1,1.
Dans la majorité des cas, le prurit était sans horaire (98 ; 77,8%), d’intensité modérée (87 ; 69,1%), chronique (101 ; 80,2%), à évolution continue (66 ; 52,4%) ou intermittente (60 ; 47,6%).
Au moins un facteur déclenchant était signalé par 54,8% des patients dont les plus fréquents étaient le bain (37 ; 29,4%), la chaleur (13 ; 9,5%) et la prise médicamenteuse (7 ; 5,6%). Un terrain atopique était retrouvé chez 57 patients (45,2%). Le déparasitage était irrégulier chez 84,1% (106) des patients. Les patients utilisaient fréquemment pour la toilette corporelle des savons alcalins (43 ; 34,1%), antiseptiques (25 ; 19,8%), éclaircissants (15 ; 11,9%) et des détergents (10 ; 7,9%). Le bilan paraclinique a été complètement ou partiellement réalisé par 28 patients sur 101. Les principales étiologies retrouvées étaient le prurit aquagénique (41 ; 32,5%), les cosmétiques (38 ; 30,2%), la xérose cutanée (23 ; 18,3%), le prurit sénile (16 ; 12,7%), le diabète (14 ; 11,1), une hépatite virale (8 ; 6,3), une insuffisance rénale (6 ; 4,8%) dont 4 patients dialysés, une anémie microcytaire (3 ; 2,4%) et l’infection par le VIH (2 ; 1,6).
Discussion
Le prurit généralisé sine materia quoique rare était fréquemment observé chez les jeunes adultes de sexe masculin et les sujets âgés. Une bonne proportion des patients était atopique et ne se déparasitaient pas régulièrement. Le prurit était souvent déclenché par des facteurs environnementaux tels que l’eau et le climat chaud. Les étiologies étaient dominées dans deux-tiers des cas par des facteurs environnementaux tels que l’eau et les cosmétiques irritants. Elles étaient suivies par les anomalies physiologiques cutanées tels que le vieillissement cutané et la xérose cutanée. Les maladies métaboliques et infectieuses représentaient aussi une part non négligeable des facteurs étiologiques.
Conclusion
Le prurit généralisé sine materia en dermatologie à Cotonou était plus fréquent chez les adultes jeunes et les sujets âgés de sexe masculin. Plusieurs facteurs y étaient associés. Les étiologies étaient souvent intriquées et dominées par les facteurs environnementaux et les anomalies physiologiques cutanées.
Mots clés
Prurit généralisé sine materia, eau, cosmétiques irritants, xérose cutanée, Bénin