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Description
Introduction : La prévalence et les complications de la gale en font un problème de santé publique dans les régions tropicales, avec un impact important chez les enfants. L’objectif de notre étude était de documenter les aspects épidémiologiques, cliniques et évolutifs de la gale pédiatrique.
Méthodes : Une étude descriptive et rétrospective a été réalisée de janvier 2009 à décembre 2018 dans le service de Dermatologie du Centre National Hospitalier et Universitaire de Cotonou (CNHU-C). Elle a inclus tous les enfants âgés de 0-18 ans chez qui le diagnostic de gale a été retenu sur la base de l’anamnèse et de l’examen physique. Les données socio-démographiques, cliniques et évolutives ont été saisies et analysées avec les logiciels EPI-DATA et ÉPI-INFO7.
Résultats : La prévalence de la gale était de 2,7% (66/2405) dans la population pédiatrique. L’âge moyen au début des lésions était de 10,9 ans± 5,4 ans. Les adolescents (14-18 ans) prédominaient (26 ; 39,4%) suivis des enfants de moins de 5 ans (16 ; 24,2%). La sex-ratio était de 1,4. Le prurit était signalé chez tous les enfants. L’infection survenait dans 66,6% des cas durant la saison sèche contre 33,3% durant la saison pluvieuse. L’automédication était pratiquée chez 25 enfants (37,9%) avant la consultation. Les lésions élémentaires prédominantes étaient : la papule (50 ; 75,8%), la croûte (37 ; 56,1%), les érosions (31 ; 47%). La vésicule typique était retrouvée chez 7 patients (10,6%). Les mains (37 ; 56,1%), les fesses (26 ; 39,4%), les poignets (24 ; 36,4%), les membres pelviens (23 ; 34,8%) et les organes génitaux externes (21 ; 31,8%) étaient les régions fréquemment atteintes réalisant une atteinte diffuse chez 31 enfants (47%). La récidive (6 ; 9,1%), l’eczématisation et l’impétiginisation (5 ; 7,6%) chacune ainsi que la lichénification (2 ; 3%) étaient les complications observées. Après traitement la guérison était certifiée chez 5 patients, un statu quo chez 2 patients, une amélioration chez 23 patients (34,8%). La majorité, soit 36 enfants (54,5%) était perdue de vue.
Discussion : La prévalence de la gale pédiatrique en dermatologie à Cotonou pourrait être sous-estimée car les enfants sont souvent pris en charge en pédiatrie ou par des agents de santé de première ligne. L’atteinte élective des adolescents pourrait faire discuter une infection sexuellement transmissible. Malgré que le prurit soit constant, elle se manifestait le plus souvent par des lésions élémentaires peu spécifiques, pouvant induire des difficultés diagnostiques pour l’œil non entrainé. L’automédication qui est une réalité dans nos régions, expose à un retard de consultation, à une atteinte diffuse et aux complications parfois inévitables chez ces enfants. La majorité des enfants était perdue de vue ; ce qui rend difficile l’évaluation du traitement.
Conclusion : La gale pédiatrique était rare en milieu hospitalier spécialisé à Cotonou. Elle prédominait chez les adolescents de sexe masculin. Sa présentation clinique peu typique pourrait être source d’errance diagnostique. Les données d’évaluation thérapeutique étaient difficiles à établir dans notre contexte.
Mots clés : gale, prurit, infection sexuellement transmissible, enfants, Bénin